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Le Blog d'Elisabeth Poulain

Le curieux millésime 2010 des Salons des Vins en Anjou

21 Février 2010, 11:30am

Publié par Elisabeth Poulain

Chaque année à Angers, le Salon des Vins de Loire a toujours sa typicité, comme le millésime pour les vins. L’affaire était claire = une année ---) un millésime, un salon ---) une Loire = un salon des Vins de Loire, le seul en France à être dédié à une région. Pourtant cette année a été un peu particulière. Je devrais dire  qu’elle a été vraiment singulière. On y a parlé vins, beaucoup, mais pas exclusivement pourtant. Il y avait comme un frémissement dans l’air, difficile à définir au départ. Ce qui était perceptible pourtant, c’est la fatigue d’un certain nombre d’exposants.

 

3 salons en 5 jours

Blog 2010.02.01 153Une bonne fatigue, celle de ceux qui enchaînent leur 3è jour de salon avant ces 3 jours pleins. Après le Grenier Saint-Jean à Angers autour de Nicolas Joly de Savennières pour les deux jours du week-end, il y a eu La Dive au Château de Brézé près de Saumur (1jour). Outre la durée (2 jours/1 jour/3jours), la différence avec le SDVL (salon des vins de loire), c’est que les deux premiers salons sont ouverts à tous les vignerons de France et d’Europe qui travaillent d’une autre façon que celle qui prévalait il y a encore quelques années. De marginaux en souffrance, ces vignerons en bio, biodynamie, vins naturels ont cette année 2010 franchi la frontière de l’invisibilité. Ce sont eux maintenant qui attirent en particulier les amateurs défricheurs, les plus attirés par ces vins d’auteur à la forte personnalité. 

Le positionnement des vins

. Le Grenier Saint-Jean est très axé sur les vins en biodynamie et les vins bio des vignerons artisanaux, réunis autour de Nicolas Joly, en provenance d’Anjou surtout, mais pas seulement et cette année d’Europe.

. La Dive au château de Brézé pour sa première édition met en avant les vins naturels de toute la France avec une vraie couverture nationale. Leur première édition a été un sacré coup de maître.  

. Le Parc-Exposition d’Angers se présente toujours comme la vitrine officielle des Vins de Loire, où InterLoire a son stand au centre de la galerie qui relie les deux halls où se tiennent les salons.  

Les exposants

. A Saint-Jean, ils ont tous les âges, avec des convaincus de longue date qui ont souvent été seuls dans leurs aires d’appellations en butte à une hostilité certaine, Blog 2010.02.01 113des jeunes qui n’imaginent commencer dans le vin autrement avec tout de suite d’autres avec lesquels échanger. Ils sont connus ou démarrent couvés par un mentor pour lequel ils ont commencé par travailler ou appris. Les négociants ne sont plus là. En cas de double casquette, ils ont été priés de laisser leurs vins de négociants dans leur chai.

. A Brézé, une dominante, la jeunesse avec bien sûr des glorieux vignerons dont la passion efface l’âge.

. A Angers, un certain rajeunissement est perceptible, du fait de l’arrivée de nouveaux exposants et/ou nouveaux vignerons pour certains. Le départ de certains exposants, des grandes maisons de négoce surtout localisées à Saumur, joue peut être aussi un rôle dans la perception d’une image moins construite, plus ouverte.  Il y a du changement dans l’air.  

Les différences

Elles éclatent de partout. Les vins naturels, selon la dénomination la plus large, sont exclusivement ligériens tout en étant minoritaires au Parc-Expo, français à Brézé, français et européens à Saint-Jean. Les trois présentent des vins naturels mais deux sont exclusifs et ce n’est pas le Parc-Expo. Saint-Jean cette année s’est recentré sur l’accès aux professionnels, après les excès des années passés où de trop nombreux amateurs venaient pour boire, gênant les visiteurs professionnels. Le Parc-Expo maintient le 3è jour, le mercredi, pour les particuliers-invités des exposants. C’est le jour où on ne voit plus d’acheteurs professionnels. 

L
es problématiques de ce millésime

La création de La Dive près de Saumur, la (vraie) ville du vin en Maine et Loire, dans un château prestigieux, a réveillé des vieilles problématiques, la cohabitation entre le SDVL avec Blog 2010.02.01 093Saint-Jean étant jusqu’alors acquise, l’un commercial et l’autre plus élitiste. La présence de 3 salons en même temps a réveillé un questionnement sur :

. la durée du SDVL : faut-il maintenir ces 3 jours et ne pas plutôt raccourcir à 2 jours, le 3è jour ayant toujours été lourd ; 

. la périodicité du salon qui est également attaquée. InterLoire, qui est  le partenaire  "obligé" du SDVL, a annoncé son intention de ne plus être présent qu’une année sur deux, sachant que les contributions des autres partenaires - Région Pays de Loire+ Région Centre + val de Loire + Conseil général 49 + Métropole Angers Loire - sont insuffisantes pour maintenir le salon.

 

Plusieurs vignerons ont fait remarquer qu' un salon sur 2 ans, alors que les vins ont un cycle annuel est un mauvais coup pour les vins de Loire.  Cela arrive en plus au moment où la concurrence se déplace en Loire et n’est plus seulement cantonnée en interne entre les vins de Loire mais provient des autres vignobles français et plus, avec une communication par Internet hyper-efficace. Cela arrive aussi au moment où le clan des "bios" de toutes sortes sortent du bois et où les parts de marché à l'export continuenent à s'éroder.  

 

Et comme l’a dit « en riant » un des vignerons, « c’est comme si on disait à la vigne de ne plus produire de raisins qu’une année sur deux et comme si  on disait à InterLoire qu’on ne paiera plus nos cotisations qu’une année sur deux. Déjà certains ont franchi le pas ; ils ont quitté InterLoire. C’était impensable et pourtant c’est fait ». A chanter sur l'air de "tout va très bien, Madame la Marquise".  

Pour suivre le chemin
Photos EP, Patrick Baudouin, Christophe Daviau et Damien Delecheneau qui ont "fait" au moins deux des salons.

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