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Le Blog d'Elisabeth Poulain

P.02 WBW > Le Monde à travers la Bouteille de VIn, Avant-propos

, 13:01pm

The World through the Bottle of Wine  -WBW-
>>> Précis d’habillage de la bouteille de vin >>>

. Je dédie cette recherche qui a duré plusieurs années sur l’habillage de la bouteille de vin à mon mari,  Claude.  

. Je remercie les plus de 250 vignerons, coopérateurs et négociants que j’ai rencontrés pour cette recherche au fil des premières années de ce troisième millénaire tout au long de la Loire.  

. Je remercie aussi ceux qui m’ont parlé du sens, du style et du ’je ne sais quoi qui fait la différence’ d’un  habillage, ces trois axes qui ont guidé mon étude sur le pouvoir de communication par la bouteille. C’est avec eux que j’ai pu avancer  et construire Le monde à travers la bouteille de vin. 

. Je n’oublie pas dans mes remerciements ceux qui pensent que l’habillage n’est pas important. Ils m’ont aidé à répondre à des questions que je me posais. Ils sont naturellement présents dans Le monde à travers la bouteille de vin et forment une part importante des paysages ligériens du vin. 

. Et enfin je pense tout particulièrement ceux avec lesquels j’ai ri et partagé un moment d’émotion et du plaisir de vivre. Et parmi ceux-ci, Joseph Grau Garrigua.

 

A titre de mise en oeil  >>  La dimension globale selon Grau Garrigua

 

Celui qui me reçoit avec tant d’ouverture, de chaleur et de simplicité

Est un artiste mondialement connu qui aime d’autant plus son pays qu’il l’a quitté jeune pour avoir le bonheur et la souffrance d’y retourner et de partir à nouveau. Il est catalan de cœur, d’esprit et d’imprégnation. Ses oeuvres parlent en catalan, qu’elles soient des tapisseries parce qu’il a le goût de la matière et du textile à toucher, à façonner, tordre et laisser parler ou ses toiles de peintures épaisses, éclatantes, en matière peinture toutes autant que peintes.  Son nom, Josep Grau-Garrigua.

 

L’artiste nous parle de son amour pour la Loire.


C’est pour elle qu’il s’est installé en Anjou. « A chaque âge, j’ai une ville, un lieu d’attache, la Catalogne pour l’enfance, New York à la trentaine, Barcelone et Paris ensuite et maintenant l’Anjou à partir de la soixantaine et pour l’enfance aussi, celle de mes jeunes enfants en particulier. La douceur angevine n’est pas un mythe. Pour moi, c’est une réalité de pierre avec une grande maison de tuffeau et un bel atelier, une réalité de terre avec un jardin où poussent les roses et les fraisiers, une réalité de paysages qui ont été célébrés il y a quelques siècles par Leonardo da Vinci ou Turner» Et puis, c’est aussi l’Anjou des rencontres, avec des amateurs d’art, comme ceux qui ont accroché aux murs de leur château une de ses tapisseries, Vedes Pompes (Pompes antiques en catalan), une œuvre majeure de 3m x 3,50, dont on ne connaît pas l’épaisseur.

 

La Loire, la Catalogne et le vin

Son père était vigneron près de Barcelone et quand il a, avec quelques collègues, commencé à vendre son vin en direct sans passer par la coopérative, c’est Josep qui a fait les étiquettes, comme il a continué à les faire quand son frère a repris le domaine à son tour. » « Produit de la nature mais aussi de l’intelligence et de la sensibilité de ceux qui le font, le vin est une création qui, au travers des cultures et des civilisations, nous est arrivé comme plaisir et stimulant de l’imagination. »

Ces mots de Grau-Garrigua sont extraits du livret de La Dame Blanche que l’artiste a conçu pour les propriétaires du Château de la Fresnaye, vignerons à Saint-Aubin de Luigné pour célébrer un millésime tout à fait exceptionnel d’un Anjou rouge. Pour La Dame Blanche, l’artiste  s’est souvenu de son enfance quand on a plaisir  à construire un univers dans un petit volume. Pour lui, pour elle, le peintre a choisi une bouteille haute et étroite. Il a crée une lithographie en guise d’étiquette, qu’il a collée lui-même à la main, après avoir placé une feuille d’or dessus. Puis il a mêlé sa vision du vin en peinture pour illustrer  un texte avec dix lithos qui sont un régal pour les yeux, dans un livret (7cm x 11,5) si étroit qu’il peut reposer sur la bouteille, comme une petite couverture douce, pour protéger le vin. Il a ensuite  créé la boite qui contient le trésor dont on ne sait plus s’il s’agit du vin, de la bouteille, du livret, des lithographies ou du coffret décoré et enveloppé dans une dernière lithographie, découpée pour laisser entrevoir le coffret. Comme un trésor, qui enferme un trésor, qui…

 

L’Anjou, le Musée Jean Lurçat et Grau

Josep Grau Garrigua, que sa femme et ses amis appellent Grau, comme un nouveau prénom qu’il se donne à chaque période de sa vie, a découvert l’Anjou en 1957 pour voir la tenture de l’Apocalypse, à l’époque où il fallait sonner la cloche pour appeler le gardien. Depuis lors il a noué avec la capitale de l’Anjou une relation particulière. Il bouillonne d’idées, de vitalité et de créativité. Il aime la matière lourde palpable, la couleur dense forte, indéfinissable et maintenant fine, impalpable. Ses tapisseries sont des œuvres-totems qui s’accrochent à des branches, à des lances ou aux murs froids d’un château fort, seul capable de porter leur poids et de neutraliser leur puissance. Ses constructions textiles agrégent les matériaux végétaux les plus divers dans un ordre dont la maîtrise n’apparaît que lentement, à condition de cohabiter avec l’œuvre pendant un temps variable selon les personnes. Elles dérangent tout autant qu’elles attirent. Elles irradient, comme on peut le constater au Musée Jean Lurçat d’Angers qui consacre une salle édifiée spécialement pour ses œuvres.

 

Les combats  de Grau

Sa peinture est un combat pour dominer la peinture grasse et lourde et le traitement qu’il donne accentue la dimension vivante de cette matière. Il représente souvent des personnes et donnent leur nom à ses tableaux comme pour montrer l’inestimable valeur humaine. Ce sont des portraits d’homme qui figurent sur les muselets qui ornent le haut de la bouteille des Trésoret  des Saphir  de Bouvet Ladubay de Saint Florent Saint Hilaire, où il a exposé à plusieurs reprises ses œuvres au Centre d’Art contemporain. Il crée maintenant de grandes toiles de couleurs lisses et fines dont le rouge par exemple s’assombrit au fur et à mesure que le regard descend vers le bas, qui est noir. L’esprit se surprend à chercher en dessous comment le peintre termine le tableau alors que l’œil est déjà sorti du cadre.

 

La polyphonie humaine

C’est une dimension constante de son travail, montrer la polyphonie humaine. Comme son regard qui s’éclaire quand il re-découvre sa bouteille, comme sa main qui instantanément touche l’étiquette de la bouteille de la Dame Blanche pour en sentir l’épaisseur dans un geste d’annonce du plaisir du vin, au moment où son esprit reprend possession de son œuvre réalisée il y a peu d’années. Grau a toujours voulu dépasser le carcan de la catégorie et  a réalisé aussi des tapisseries avec des sacs usagés de café, pour le plaisir de la matière, en y associant le jute, la ficelle pour nouer les sacs, la couleur de la trame et l’odeur que nous devrions encore pouvoir sentir. Comme on devrait pouvoir sentir le vin à travers la bouteille…

 

La Loire, la douceur du soir, au mois de mai, le vin,

Le vigneron et l’artiste,

Une bien belle histoire avec des petites filles qui courent, très affairées, des tableaux partout, des livres de poésie, de peinture en espagnol, français, anglais qui débordent de la table, un chien, qui ouvre la porte à l’heure où il a le droit de rentrer et qui aime les fraises…Des roses jaunes qui sentent si bon quand on referme le portillon en partant. C’est le monde en mouvement de Josep Grau Garrigua.

Pour suivre le chemin,
La prochaine page traitera de la façon dont j'ai conçu ma recherche sur l'habillage de la bouteille de vin