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Le Blog d'Elisabeth Poulain

Au Logis Ozanam à Angers, savoir dire merci pour l'accueil reçu

1 Septembre 2010, 09:22am

Publié par Elisabeth Poulain

 

Angers, La Doutre, Logis Ozanam, Dames

 

Oh, cela n’a rien d’évident, tant l’accueil par les uns que le remerciement par les autres. C’est si peu évident que les témoignages de remerciement sont rares et évanescents. Le plus souvent, il n’en reste qu’un souvenir qui s’affaiblit avec le temps qui passe et qui partira avec celui ou celle qui a exprimé ce merci du fond du cœur et de celle qui a su le recevoir. Cette fois-ci, j’ai employé le féminin parce celles qui reçoivent les témoignages de gratitude sont les Dames du Logis Ozanam. Et les personnes qui disent merci et qui pour certains savent l'écrire sont des membres de la famille ou des amis de malades ou de victimes d’accident qui sont soignés dans les hôpitaux d’Angers ou des parents en maison de retraite.  

 

Le Livre d’Or du Logis Ozanam

Doutre, Logis Ozanam, Livre d'Or dessin, M. Sarrazin

 

Le Logis s’est ouvert le 15 septembre 1983. Cela fait donc maintenant 27 ans que ces gros cahiers, ces « Livres d’Or », rassemblent une partie de l’histoire du Logis, vue du côté des résidents. Au début, on ne sait qui écrit. Parfois les personnes donnent seulement le nom du ou de la malade avec seulement le nom de famille, en faisant parfois précéder leur nom de « Famille » écrit en toutes lettres   ou une signature avec un texte qui met l’accent sur l’accueil « simple et chaleureux », « l’esprit de famille » qui règne au Logis, « le réconfort » des « merci » aussi qui montre que tout est dit.

 

La première personne qui date et signe clairement sans donner toutefois son prénom écrit le 12.11.1983 : «  La création du Logis est une idée exceptionnelle aussi bien matériellement que moralement car l’ambiance et l’esprit que l’on y trouve sont rares. Je souhaite que dans toutes les grandes villes de France dotées d’un centre hospitalier s’installent un tel Logis. Merci. X. Y…...

 

La presse lors de l’inauguration

Deux articles de presse (Courrier de l’Ouest et Ouest-France) ont été découpés et collés le 26 septembre 1983. Le premier porte un dessin de M. Sarrazin, le second rappelle cette très belle citation du président national de la Société Saint-Vincent de Paul, M. Blanc «  la pauvreté, c’est parfois simplement de se retrouver seul ». A l’époque, la nuit d’hébergement au Logis coûtait 45 francs.


Doutre, Logis Ozanam, escalier interieur,

 

 

 

Le malade

Le trait commun à tous ces témoignages du début du livre porte sur la très grande retenue concernant le malade. Son prénom est parfois cité mais seulement quand il s’agit d’un enfant. On rencontre ainsi Anne-Marie, Chantal, Julien, Laetitia…Quand il s’agit de personnes âgées, c’est alors au mieux « mon père, ma mère », parfois les deux à quelques semaines de temps. Ce monsieur écrit: j'ai été « accueilli  avec tant de gentillesse et de compréhension pendant les trois semaines d’épreuves, que j’ai passées, lors de l’hospitalisation de mon épouse ». Une jeune maman : « nous vous remercions, mon bébé et moi ». 

 

La durée de l’accueil

Une dame a ainsi passé trois mois au Logis, sans lequel dit-elle « je ne sais vraiment pas où je serai allée ». On ne sait rien des raisons qui l’ont fait venir mais elle dit son émotion pour le petit cadeau de Noël qu’elle a reçu pendant son accompagnement. D’autres indiquent seulement les dates d’arrivée sans commentaires : 17 septembre-26 octobre. Ces indications sont rares. En fait, ceux qui témoignent surtout au début ne pensent pas à laisser une empreinte de temps. Quelques années après, le temps fait son entrée dans le livre, surtout sous l'influence des témoignages de personnes d'autres nationalités.   

 

Le témoignage

 

Doutre, Logis Ozanam, Livre d'Or , témoignage

 

Les mots qui sont écrits se ressemblent beaucoup ; ce qui figure déjà dans le livre inspire évidemment ceux qui les lisent ensuite, surtout pour commencer leur texte. Mais ce qui compte, c’est la sincérité et la force des remerciements, avec pour chacun ou presque un mot, une phrase ensuite qui va colorer son témoignage de façon personnelle. Cette dame par exemple, en fin de paragraphe : « je sais que je ne serai jamais plus jamais seule et cela me redonne courage ».

 

Toute une famille allemande remercie en indiquant le nom des membres de leur famille et leur adresse à Eldingen en Allemagne. Ils pensent que ce serait une bonne idée que d’avoir de telles maisons d’accueil en Allemagne.

 

L’origine géographique de ceux qui écrivent

Ils viennent de toute la région, d’Angers bien sûr, de Montsoreau, de Mayenne, du Poiré sur Vie en Vendée, d’Agen. On peut également citer Argenteuil, Saint-Léger du Morbihan, l’Ile d’Yeu  mais aussi de plus loin : d’Angleterre, d’Allemagne, du Zaïre, d’Alger, de Côte d’Ivoire, de Colombie, de Syrie, des Etats Unis ou du Laos pour un médecin hébergé à Ozanam le temps de sa formation au CHU… Chacun écrit dans sa langue, avec son écriture. C’est certainement là qu’il y a le plus de différences. On remarque des façons anciennes de former les lettres, les modes actuels, les écritures étrangères que l’on remarque très vite. On devine l’âge, l’émotion qui font trembler les lettres... 

     Doutre, Logis Ozanam, Livre d'Or , témoignage

 

 

D’autres s’essaient au français, comme ces quatre membres d’une famille américaine, une dame et ses enfants qui se sont fait du souci pour le « papa » (je pense qu’il s’agit de son mari et père des enfants)  qui ont tous été  accueillis de façon « si chaleureux et doux.. Tout le monde au Logis avait été très gentils. Il m’a assisté avec toutes mes difficultés et soucis. Les enfants avait été très heureux ici, c’est comme ‘chez nous’. C’est difficile d’écrire  ce que je veux dans une langue étrangère mais Merci, mille fois pour tout… ».  

 

Les dames bénévoles

Au début, elles sont incluses dans les remerciements puis très vite, elles sont cités en premier « un grand merci à ceux et celles qui bénévolement s’occupent de cette maison si bien organisée… ». Dans la quasi-unanimité des cas, les personnes parlent des bénévoles, sans jamais dire que ce sont uniquement des femmes.

 

Les cartes postales et les photos

 

Doutre, Logis Ozanam, Livre d'Or dessin

 

Certains préfèrent témoigner une fois rentrés chez eux. Au calme, ils prennent le temps de

choisir une carte postale et d’envoyer des mots de gratitude. C’est ce que fait une famille qui a choisi une carte de la Stfitskirche de Stuttgart. Puis les premières photos apparaissent. Ce sont les bébés qui ouvrent la porte de l’image et de la personnalisation. Le premier apparaît en 1987. Il sera ensuite suivi par beaucoup d'autres . On les voit à l’hôpital ou de retour à la maison.

 

Il existe un cas bouleversant. C’est celui d’une maman dont le fils de 17 ans est décédé à l’hôpital sur la table d’opération. Il ne lui a pas été possible, quand elle a quitté le Logis Ozanam, d’écrire quelques mots. Elle l’a fait deux ans plus tard en joignant une photo du jeune homme, dont la présence souriante reste ainsi à jamais.

 

Un seul dessin a été fait directement dans l'album. C'est une oeuvre d'une dame allemande de Stuttgart.  

Quelques témoignages en guise de non-conclusion

« Monsieur B. R. est décédé ce matin…Son ami (c’est donc celui qui écrit) est venu cette après-midi pour inscrire sur ce livre cette phrase : ‘le Logis Ozanam, c’est la maison du Bon Dieu’ et il vous remercie tous ».  

 

«  Le Logis n’est pas comme une auberge espagnole où on ne trouve que ce qu’on y apporte.

On vient avec sa détresse et on y trouve réconfort.

On vient avec ses soucis et on y trouve amitié.

On vient avec sa peine et on y trouve chaleur humaine. 24-2.85 F. C…de Lassay, Mayenne »

 

      Doutre, Logis Ozanam, escalier interieur,

           

«  Cette maison,  c’est comme un grand protecteurqui nous entoure, nous sécurise  et nous écoute.  

  Ce protecteur est beau, sincère et nous sourit.  

  Félicitations à tous les bénévoles pour votre  extraordinaire travail. Merci de tout coeur   

                                                A… C…

                                                Québec, Canada »

 

«  3 Sept 96

            Whether your stay here is for happy or unhappy reasons, be assured you are among friends. We have been treated to the almost kindness, consideration and sympathy by all and for our time here, we had not some where to stay but a home.

            Merci mille fois à tous. S…, K… and D...C...”

 

Pour suivre le chemin

Ce billet n’est pas une analyse de tous les témoignages de remerciements qui s’expriment depuis 1983. Des quatre Livres d’Or, il n'en reste que trois qui sont si riches, si divers et d’une telle amplitude de sentiments qu’ils mériteraint une véritable recherche dans le domaine des sciences humaines. Ce n’est pas mon propos.

 

Mon but est seulement de mettre en lumière un court instant quelques aspects seulement des émotions ressenties par les résidents du Logis Ozanam lors de leur départ ou de leur retour chez eux, en me limitant au début et à la fin du premier livre.  

 

. Voir le billet précédent sur ce même blog

Le Logis Ozanam, une maison si charmante à Angers, Doutre (49)

. Photos Elisabeth Poulain, n° 1, 

- de gauche à droite, Isabelle Gireaux et Liliane Lecourt, les deux dames en charge de l'entretien du Logis et  deux des dames en charge de la gestion de l'association, avec Christiane Schwartz trésorière, qui est debout,  et Simone Cravignac qui en est la présidente , photos de l'escalier avant et après restauration coll. du Logis et entre les deux, des photos de témoignages tirés du premier album.             

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