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Le Blog d'Elisabeth Poulain

Vin + Moyen Age + Conques + Femme

4 Septembre 2007, 09:18am

Publié par Elisabeth Poulain

Oh la la ! C’est quoi encore ce titre ? Un vrai gloubi glouba ! On pourrait mettre tous les mots dans n’importe quel sens et ça irait quand même. Alors ça veut dire quoi? On y va, d’abord 1 par 1. C’est le jeu.
 
Le vin 
Parce que ce blog lui est principalement dédié mais pas que. Le vin est une façon particulièrement fructueuse de voir notre société, pas seulement en France d’ailleurs.
 
Le Moyen Age 
C’est une des périodes de l’histoire qu’on découvre et redécouvre depuis 50 ans. Vous me direz que c’est beaucoup. C’est peu aussi quand on sait que c’est un tel fourre tout pour certains qui désignent ainsi la période qui va de la fin de l’Antiquité à la Renaissance. D’autres le datent de la fin du 5è à la fin du 15è. On peut aussi distinguer le Haut jusqu’à l’an 1000 du Bas après. Il y a là les fondements de notre société européenne.  
 
Conques
Il faut y aller surtout quand les autres n’y sont pas. C’est tellement beau en photo qu’il faut absolument voir si « c’est vrai pour de vrai » comme on dit en langage enfantin. Choisissez un temps sec, avec du soleil pour la lumière, sans vent qui glace, enlevez les touristes (je sais que c’est facile mais je ne peux résister : le touriste gêneur, c’est toujours l’autre), trouvez une place de stationnement payante pas trop lointaine, payez et partez à l’attaque des petites ruelles, de l’Abbatiale du XIè et du Pont des Pèlerins inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. Après avoir vu le Trésor, vous tomberez sur un des petits plaisirs du touriste de base  : acheter un petit quelque chose chez un marchand de souvenirs. J’ai choisi des cartes postales que je sais ne jamais envoyer- elles sont déjà un tiroir à se morfondre- et j’ai fait une trouvaille à 5 E. Voir maintenant à Femme. 
 
La femme
J’ai acheté un livre de recherche très complet sur « La femme au Moyen Age » de Jean Verdon, professeur d’histoire du MO* (vous savez ce qu’il y a sous ces initiales, sinon regardez en bas du texte) à l’Université de Limoges. Bouquin tiré à 35 mille exemplaires d’un format carte postale, écrit en petit dans des éditions Jean Paul Gisserot. J’aime bien me faire ce plaisir d’acheter ce qui au Ier abord ne concerne pas mes sujets de recherche pour voir, si par hasard…, il n’y avait pas quelque chose qui…Et, il m’a fallu attendre la page 101 sur 122, en avant-dernier chapitre – pour trouver enfin quelques mots sur les plaisirs de la bouche. Ouf !           
 
Vin + Moyen Age
Il y tient une place considérable, au moins pour ceux qui ont laissé des traces dans l’histoire. Entendez plutôt les riches que les autres. Ceux-là buvaient plutôt de la piquette, une boisson résultant du rajout d’eau sur du marc de raisin, le résidu provenant de l’extraction du jus de raisin servant à faire le vin. 2 produits à partir du raisin et après pressage, du vin pour les uns et de la piquette pour les autres, qui a donné son nom au « mauvais » vin.
 
Vin + Conques
Là c’est particulièrement intéressant parce que la liaison nous amène directement au rôle joué par le vin dans la religion au cours de la célébration de la messe et donc à la place qu’il occupe dans les communautés religieuses. Conques en abrite une depuis le Xè siècle.  
 
Vin + Femme
C’est une problématique tellement riche que je passe vite sinon on n’avance pas. Je ne peux quand même pas ne pas dénoncer une véritable absurdité réglementaire et je pèse mes mots. Celle qui concerne la protection de la femme enceinte sur la bouteille de vin. Pour gagner de la place, les vignerons ont choisi en très grande majorité de sélectionner l’icône représentant une femme enceinte montrée de profil barrée d’un grand trait rouge. Pour montrer que l’alcool est interdit à la FE, comme on dit. Mais vraiment. Quand un champignon est toxique, c’est le champignon qui est barré. Là, c’est la femme, c’est donc la femme qui serait dangereuse pour le vin. Il aurait fallu barrer un verre ou la bouteille. Il vaudrait mieux que la réglementation européenne modifie son icône.  
 
Vin +++
Oui, oui, je sais. J’en arrive enfin à la page 106 qui est l’objet de toutes mes digressions jusqu’ici. Jean Verdon, l’historien, a trouvé une pépite dans le Roman du Comte d’Anjou de Jehan Maillart, un conte populaire du début du XIVè siècle qui raconte par le menu des bonnes choses que la jeune héroïne persécutée mangeait et buvait avant ses malheurs. Je passe sur les mets, il y en a de trop, et j’en arrive aux vins : « Je buvais des vins de prix, du délicieux vin cuit au miel, des vins de Gascogne, de Montpellier, de la Rochelle, de Grenache, de Castille, de Beaune, de Saint Pourçain, d’Auxerre, d’Anjou, de l’Orléanais, du Gâtinais, du Laonnais, du Beauvaisis, de Saint Jean d’ Angely ». Pourquoi dans cet ordre? Il n'y a évidemment aucune explication. mais c'est formidablement intéressant de voir la diversité et l'ouverture du choix, au dela des frontières et bien sûr avant nos a priori d'aujourd'hui.     
L’auteur cite aussi cite Marguerite de Latour, prieure d’une communauté ecclésiastique à Toul, qui boit ¾ de litre par jour au début du XVè siècle. A comparer avec la ration quotidienne d’une chopine ou demi-pinte pour chaque religieuse (0,466litre) et d’une hémine (0,273l) pour chaque religieux à l’Abbaye de Fontevraud  (1101 à 1792), près de Saumur. On n’a aucune explication sur cette différence femme/homme. Une hypothèse serait à trouver dans le statut aristocratique élevé des religieuses. (dans Le vin aussi est affaire de femmes, Elisabeth Poulain, Ed. Cheminements). L’Abbaye de Fontevraud abrite dorénavant le Centre Culturel de l’Ouest, qui organise le samedi 6 octobre prochain un grand événement sur la Cité idéale, toute une journée consacrée à la prospective.
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