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Le Blog d'Elisabeth Poulain

Des fleurs à foison, Une petite nappe alsacienne, Impressions textiles

24 Novembre 2015, 15:16pm

Publié par Elisabeth Poulain

Petite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl1-2. Elisabeth PoulainPetite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl1-2. Elisabeth PoulainPetite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl1-2. Elisabeth Poulain

Petite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl1-2. Elisabeth Poulain

Quelques explications sur le titre. Il s’agit dans ce billet de montrer combien les fleurs saturent nos yeux et nos têtes au point de devoir se poser la question : mais pourquoi tant de fleurs ? Pourquoi avons-nous besoin de voir des fleurs partout, dans nos vies, en dehors de celles qui sont plantées en ville ou qui poussent naturellement à la campagne, en commençant par celles qui ornent des tissus. Des fleurs en veux-tu, en voilà. N’en jetez plus, tant il y en a. La difficulté est d’établir une hiérarchie, comme s’il y avait un début à cette histoire. Promis, je ne vais pas commencer par les tapisseries mille fleurs qui ornaient les murs si froids des châteaux, ou les tapis qui isolaient les pieds du froid glacial des sols de pierre. On va commencer petit, plus modestement et plus tard et surtout sans chercher à établir une chronologie.

C’était l’époque - il y a un peu moins d’un siècle - où on ne jetait pas les draps de lit un peu usés. On rapiéçait s’il le fallait l’endroit usé, quitte à le faire plusieurs fois. Il arrivait aussi un moment où il fallait faire l’inverse. Une toile solide, certes usée en son milieu sous le poids du corps, mais encore bonne sur les côtés, ne se jetait pas. Il fallait alors découper ce qui était encore bon dans un drap, pour récupérer des morceaux du pourtour pour les destiner à d’autres usages. Toute bonne ménagère savait mettre en application une hiérarchie des tissus usés. Garder les parties les plus usées pour en faire des torchons par exemple, utiliser au contraire les bonnes pièces pour en faire des taies d’oreiller, des petites nappes… faisaient partie des devoirs d’une bonne maîtresse de maison. C’est visiblement le cas de ce morceau de tissus.

Il s’agit d’une petite nappe. On ne peut guère vraiment parler d’un napperon qu’avait brodé cette demoiselle en la première moitié du XXe siècle. D’un torchon non plus, pour lequel broder des fleurs n’aurait pas eu de sens. Quoi qu’il en soit, la brodeuse a conçu son presque carré de 66 cm sur 68,5cm de façon symétrique pour deux côtés et dissymétrique pour l‘ensemble.
 

Petite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl2-2. Elisabeth PoulainPetite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl2-2. Elisabeth PoulainPetite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl2-2. Elisabeth Poulain
Petite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl2-2. Elisabeth PoulainPetite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl2-2. Elisabeth PoulainPetite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl2-2. Elisabeth Poulain

Petite nappe alsacienne brodée avec des fleurs, début du XXe siècle, Cl2-2. Elisabeth Poulain

. Deux des côtés jointifs sont en effet ornés de quatre petites fleurs identiques, dont seule la couleur varie. On y trouve du rouge, du rose, du jaune, du bleu pour la fleur identique. Le feuillage est forcément vert, un vert clair, et les tiges un vert jaune, qui montre une volonté de recherche de finesse. On peut aussi supposer que la brodeuse avait aussi quelque écheveau de cette teinte en sa possession.

. Dans le coin opposé, une fleur rouge se trouve isolée. C’est elle qui fait face à ses sœurs de l’autre côté. Elle structure l’ensemble, en guidant le regard comme autant de rayons. Elle n’en est pas sur-brodée pour autant. On aurait pu l’imaginer. Elle ne fait pas la fière et garde, comme les autres, une grande simplicité faite de modestie. Le dessin est simple. La tige principale porte la fleur épanouie elle-même, avec une grande feuille sur le côté droit vers le bas, une feuille à moitié faite sur le côté gauche, puis une autre tige plus haute partant vers la droite avec à son bout un bouton peu formé. Le rendu est plus fait d’application précise et patiente, avec des tout petits points, comme on le voit sur l’envers, que de franche réussite artistique tenant au dessin ou à l’appariement des couleurs. La dame a mis tout son cœur a bien faire, quelque fut le temps qu’elle y a passé.

Les points font aussi partie des broderies de base. C’est le point de chaînette qui est utilisé pour les fleurs et le feuillage et le point de feston en fil marron qui termine l’ouvrage. Comme toujours dans une broderie, il faut regarder l’envers pour apprécier l’endroit. La brodeuse appliquée a travaillé avec beaucoup de soin, tant les points sont fins et de petite taille. La volonté de réaliser un travail soigné, malgré la simplicité visible, se voit aussi aux points d’arrêt qui ressemblent à des boutons. On pourrait imaginer la petite nappe posée sur un meuble d’angle, avec la fleur unique dépassant le socle et les deux rangées jointives dans l’angle opposé avec cette fois-ci les fleurs visibles sur le dessus. Il y a forcément une explication à cette disposition.

Quoi qu’il en soit, ce travail de broderie a eu un sens important pour la dame qui l’a précieusement gardé dans son armoire…Ce sont ses héritiers qui l’ont trouvé soigneusement plié et protégé dans un autre tissus dans l’armoire à linge de sa maison quelque part dans le département du Haut-Rhin…

 

Pour suivre le chemin

. Voir la photo de deux femmes de la famille alsacienne Finitzer prise en 1915 et publiée par Régis Finitzer sur https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Famille_finitzer_1915.jpg  

.Retrouver la culture alsacienne sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_alsacienne  

. Découvrir un tissu très particulier, le kelsh d’Alsace https://fr.wikipedia.org/wiki/Kelsch_d%27Alsace  

. Clichés Elisabeth Poulain

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