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Le recours à un peintre
On pourrait imaginer
que la peinture serait le premier moyen d’expression artistique par lequel le vin pourrait communiquer. Pourtant on peut compter sur les doigts des deux mains les oeuvres d’art qui occupent la
première place dans le message véhiculé par le vigneron grâce à l’habillage. Avec les peintres contemporains, le partenariat est peu fréquent malgré les avantages évidents pour chacune des deux
partenaires : les peintres travaillent sur des très petits formats apposés sur des cimaises voyageuses que sont les bouteilles et les vignerons communiquent sur leurs vins grâce aux peintres.
Comme s’il existait une certaine timidité des vignerons face aux peintres.
Au cours de cette recherche sur l’habillage de la bouteille de vin, j’ai néanmoins rencontré quelques tandems artistes-vignerons qui font un bout de chemin ensemble : Grau Garrigua/Château de la Fresnaye et par ordre alphabétique, Frédérique Barbier/Marie-Luce Métaireau, Bertrand Bataille/François Plouzeau, Gabs/Vincent Giraud, Maddlen Herrstrom/Jean-François Mériau, Henri Mouzet/Patrick Baudouin, Jean-Louis Rondeau/Yves Guégniard, Michel Tolmer/Thierry Germain…
L’association avec le peintre peut aussi être le fruit d’une rencontre qui se traduira par une œuvre dédiée à un vin :
843. Coganis, un Cheverny 2003 Philippe Tessier, porte une encre créée,
lors d’un séjour à
Cheverny, par Vanessa Notley, plasticienne résidant actuellement en Chine.
844 Philippe Vatan du Château du Hureau sélectionne une encre signée Legrand pour un Coteaux de Saumur.
.
845. Damien Delecheneau a fait réaliser une oeuvre forte de style cubiste pour ‘Les Bulles’ un Montlouis pétillant
sur le thème « c’est beau, une ville la nuit ».
Le recours à un designer
Il y a plusieurs clans de vignerons, les ‘réfractaires’ qu’il ne faut même pas chercher à convaincre de l’utilité de faire appel à un designer, « trop cher, trop lourd, peur de la concurrence, t surtout l’obligation de se mettre en question, tout ça pour donner des idées aux autres », et les ‘convaincus’ ayant déjà expérimenté avec succès la formule.
- Parmi ces derniers figurent Bruno et Marie-Annick Cormerais pour leur Muscadet Sèvre et maine sur lie qui sont tous maintenant habillés de façon contemporaine. Les concepts utilisés sont la personnalisation sur le nom du créateur vigneron, la sobriété de la présentation, le clin d’œil avec la brindille de vigne avec des couleurs variées et le chiffre 100 mystérieux.
- Sébastien David, vigneron à Saint-Nicolas de Bourgueil, pour sa collection PatriMoine SD, conçoit ses habillages millésimés, pour ses vins millésimés, avec un ami graphiste, avec une contre identique. Tout le reste change, bouteille y compris, même le mode cultural qui devient de plus en plus ‘nature’ au fil du temps, après une réflexion en profondeur.
- Marc Houtin de La grange aux belles, travaille avec le même graphiste depuis ses débuts dans la profession. On reconnaît déjà ses vins à leur habillage qui ont pour point commun de lui ressembler. Il s’y sent à l’aise. Pour son vin de table doux issu de tries de sauvignon à pleine maturité qui se dénomme « Merci », il explique sur la contre : « C’est le vin d’une aventure/ D’une expérience osées sur des raisins dorés/ De sauvignon à pleine maturité/ Grâce à l’enthousiasme de ma famille/ Et des mes amis adorés/ C’est une sélection de mes meilleurs tries/ Qui s’offre comme un baiser fruité/ Un cadeau à partager.»
Avec ces réalisations, on assiste à une démarche globale qui commence à l’étiquette, continue par la lecture de l’information sur la contre, se poursuit par la dégustation et se prolonge par l’envie de découvrir les autres vins de ces vignerons. Une autre tendance actuelle consiste à faire appel non plus à des designers mais à des artistes dessinateurs qui ont déjà créé leur univers, en particulier dans la bande dessinée.
Les nouvelles alliances avec la sculpture
Elles résultent directement d’une double recherche, se différencient par le haut, grâce à démarche culturelle innovante. Les partenaires du vigneron sont alors sculpteur, musicien, poète, philosophe…
Le recours à un sculpteur
La sculpture est peu présente du moins en Loire dans les habillages des bouteilles de vin. Il est possible de citer toutefois deux exemples contemporains très différents.
846. Les Demoiselles Tatin à Brinay ont choisi une sculpture de Jacques Tempéreau ‘ Les Trois Grâces’ pour un Reuilly ‘Les Demoiselles Tatin ».
Jacques Tempéreau, sculpteur, Angers
Les Angevins connaissent ce grand sculpteur à qui leur ville a voulu rendre hommage. C’est lui qui a créé notamment les jets d’eau qui tournent sur eux-mêmes dans le grand bassin Aqua Familia en prolongement du Pont de Basse Chaîne face au Château d’Angers. Le parcours de Jacques Tempéreau est singulier. Il se définitssait comme un
horti-sculpteur. Il a commencé dans la vie en dessinant des jardins pour son père pépiniériste et paysagiste et a très vite trouvé le chemin de la sculpture. Il gardait un lien profond avec la terre, l’antique et les arbres et aimait à modeler des corps qu’il travaillait dans des matières nobles comme le bronze. Il aimait les oeuvres monumentales qu’il a exposé notamment à Cholet à l’Espace Saint-Louis.
. Alexandre Mellot fait appel depuis plusieurs années à l’artiste plasticien Gérard Puvis, qui travaille l’étain, pour toutes ses étiquettes de Sancerre, hors La Moussière. ‘Génération XIX’ fait ainsi référence à l’ancrage de la famille dans le vin depuis 1513 en célébrant le mouvement du corps du danseur, une déclinaison intégrant les symboles du vin, feuilles, vignes, barriques, tire-bouchons selon les différentes cuvées et un style très reconnaissable.
Le prochain billet portera sur les recherches sensorielles et en particulier sur l’alliance entre le vin et la musique.