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Le Blog d'Elisabeth Poulain

P.50 WBW > Les habits des Vins d'Expression > La mise en lumière de la bouteille

, 20:06pm

 

La bouteille pleine, la  bouteille vide

La bouteille connaît son apogée quand elle est pleine. C’est la raison pour laquelle les bouteilles sont toujours photographiées fermées, avant ouverture. Elles sont une promesse. Après, il reste une émotion, parfois si marquante que les vignerons gardent pour eux ces bouteilles vidées qui continuent à leur parler. Parmi celles que l’on garde :

 


909/910/911. les quatre Boas dessinés par Madlen Hersstrom pour Coquecigrue du nom de trois actionnaires dont l’un est Jean-François Mériau : Boa le Rouge est un Touraine Gamay à étiquette circulaire ivoire et rouge pour une bouteille lourde.

 

Le lien entre le verre et la main

Le lien est profond, intime entre cet objet de matière froide et inerte comme le verre et notre main qui est à notre développement et à notre épanouissement aussi indispensable que notre cerveau et notre corps. Pour preuve, la facilité qui consiste à parler de la bouteille comme nous parlons de nous, avec les mots du corps. En allant du haut vers le bas, il y a un col qui a tendance à s’allonger ; des épaules qui lie le cou au corps et qui peuvent être plus ou moins marquées (bordelaise), arrondies (bourguignonne) ou fluides (alsacienne). Le corps ensuite tubulaire ou arrondi avec un bedon de bien vivant ou gommé. La description se termine par le cul de la bouteille qui donne l’assise de cette verticalité. Une nette distinction existe entre les fonds plats, légèrement incurvés vers le dedans ou fortement au point de pouvoir y placer le pouce. Ces derniers sont une marque de qualité parce que ce sont ceux que l’on tient le mieux en main.

 
La bouteille, le corps du vin

Quoi qu’il en soit, associer la beauté de la bouteille au corps dénudé est une idée vieille comme le monde :

 



912. Dans la même position allongée, nue, une naïade tient, elle, une coupe pleine de vin de couleur rouge sur fond jaune avec des cheveux verts, pour un Sauvignon des Vignobles Gélineau.        

 

913. Chaque année, Jean-Jacques Papiau du Domaine de Pont Perrault sélectionne deux dessins d’auteurs de bandes dessinées. Pour son Anjou-Villages 2003, c’est un bel Apollon traité de façon fort classique une bouteille dans la main gauche et un verre dans la droite.



 

Un contenant normalisé

Il est très difficile d’apprécier visuellement la contenance de la bouteille. La solution la moins trompeuse est de lire la contenance indiquée en relief sous la bouteille. Les bouteilles les plus courantes sont les 75cl. Il n’y a plus guère de bouteille d’un litre, si ce n’est pour les cafetiers vendant au verre.

- Paul Buisse a conservé, dans sa belle collection de bouteilles, une bouteille sérigraphiée datant des années 1920 conçue par son père pour le marché suisse.

- Actuellement, le Domaine Gouron de Cravant les Coteaux utilise une bouteille d’un litre sérigraphiée et consignée pour le réseau CHR.

 

Les petites bouteilles                    

C’est dans le domaine des bouteilles qui sortent de la norme des 75 cl et de sa petite sœur des 37,5cl que l’on va trouver le plus d’innovation : 50cl, 20cl ou 10cl. Trois styles peuvent être distingués : reproduire en petit le modèle de la 75cl, innover en cherchant à se rapprocher de la hauteur de la 75 ou sortir des cadres habituels. La situation est très diversifiée en Loire selon le profil du professionnel du vin, négociant ou vigneron. Les négociants, le plus souvent, traitent des volumes importants qui les obligent à être très réactifs. Mais leur choix n’est pas illimité. La 37,5cl,  l’ancêtre des petits contenants, est conçue sur le modèle d’une 75 bourguignonne réduite de moitié et n’a jamais connu un franc succès. La 50cl se place dans un cadre visuel proche de la 75 mais sans la copier. Elle connaît un développement intéressant pour les vins à prix élevés du fait par exemple de tries successives. En matière de style, on retrouve les segmentations établies : formes droites pour les vins contemporains et les rosés, formes arrondies pour les AOC et flûtes ou flaconnages atypiques pour des liquoreux.

. En flûte verre transparent 50cl, le Château d’Eternes de Saix présente un Coteaux de Saumur, Clos des Abbesses.

. Le Domaine du Parc a choisi une Véronique 37,5cl pour un Gros-Plant sur lie 2004.  

 

- En 50cl, Arnaud Couly-Dutheil de Chinon a choisi une flutte pour un liquoreux vendu en vin de table sous le nom d’Interdit.

- Sous ce volume, le Château de la Mulonnière, un des Domaines Saget, présente ses Quarts de Chaume en bouteilles à haut col qui offrent la particularité d’être quasiment aussi hautes que la 75cl en Coteaux du Layon Beaulieu du Château.

- Le Domaine Saget réserve, pour un Pouilly sur Loire (37,5cl), une forme douce bourguignonne sérigraphiée avec la signature au S de Saget en jaune sur fond feuilles mortes, avec les mentions réglementaires en forme de verre à pied à l’arrière.

 

Les très petits formats

Ils ne sont guère utilisés en Loire, à quelques exceptions.

- Lacheteau décline par exemple un Cabernet d’Anjou en 25cl, sous fermeture à vis, avec une étiquette dissymétrique ornée d’une grue qui donne l’arrondi de l’étiquette rectangulaire sur les trois autres côtés.

- Frédéric Brochet vend un VDQS Haut-Poitou Marigny Neuf en verre operculé à pied de 10 cl, marqué au nom de son domaine Ampelidae.

 

Pour suivre le chemin

. Force est de constater que la tendance 2009 n’est pas au développement des formats inhabituels ou à des recherches vraiment innovantes, du fait de la baisse de la consommation et des tensions financières de notre époque.  

. Le prochain billet portera sur la fonctionnalité du design de la bouteille.