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Le Blog d'Elisabeth Poulain

Rouge comme le rouge orangé Viallat, Claude Viallat

5 Septembre 2013, 17:18pm

Publié par Elisabeth Poulain

Son rouge est vivant. Ce côté dynamique vient à la fois de loin, comme l’est toute intuition, et d’un à peu près qui cherche volontairement ou non  à donner l’impression d’un rouge toujours en mouvement qui toujours se cherche. Voici une bien longue phrase pour vous dire que chacun va avoir sa vision du rouge de ce  peintre du Sud, d’un Sud écrasé de chaleur, comme on peut la sentir à Nîmes où il est né et où il travaille, un endroit qui fait vibrer les couleurs, avant même que vous les voyez.

Viallat, sans titre, 1989, Centre d'Art Contemporain Bouvet Ladubay 

Ce rouge est aussi le produit d’un travailqui commence bien avant que le peintre prenne ses pinceaux. Au départ, il ne sait pas qu’il va travailler en rouge. Il se laisse guider par le support qu’il choisit pour cette œuvre. C’est la toile qui sera la rencontre entre lui et le rouge qui ne sera jamais complètement rouge, car un rouge tout seul n’aurait ni signification ni besoin d’un support particulier, ni besoin d’un accoucheur de rouge.

La toile existe bien mais elle n’est pas classée en tant que telle. Claude Viallat ne va pas acheter ses cadres chez le meilleur professionnel de matériels pour peintres de la ville. Il cherche, il chine et récupère des vieilles toiles qui ont déjà vécu une ou d’autres vies dans d’autres fonctions. Citons parmi ses préférées, des toiles de tente, des morceaux de parasols, des toiles utilitaires de toutes sortes qui n’auraient jamais pensé être ainsi anoblies même dans leurs rêves les plus fous. Ce que Claude Viallat cherche, c’est un contact avec un support porteur de sens. Avec certains, un dialogue inconscient va s’engager et de cet échange, si tout va bien, naîtra un tableau, une toile, une œuvre de Claude Viallat.

L’artiste donne sa préférence aux grands formats quand il a la chance d’en trouver. Il en indique les dimensions comme le fait tout peintre, par contre il se refuse à leur donner un titre. Pour lui, visiblement une toile se suffit à elle-même. C’est à elle de s’exprimer. Elle a suffisamment d’atouts pour le faire. Le titre est donc  « Sans Titre ». Ensuite l’année est indiquée,  dans ce cas il s’agit de 1989. Arrive enfin la seule information  volontairement donnée par le peintre « Peinture sur Toile de Tente ». (Une PTT, je blague !).  

Les vibrations de la couleur. Elles vont venir de plusieurs éléments. Le plus important est la forme du pochoir que l’artiste a créée et répète par apposition régulière sur la toile. Cette forme peut être perçue comme un bouton de forme et de couleur bleu éteint sur lequel l’œil s’appuie de lui-même pour sauter de forme en forme à l’instar d’enfants jouant à la marelle. Pour renforcer l’attrait de ces formes, chacune d’entre elles est entourée d’un trait orange qui ressort sur le rouge plusieurs fois orangé, de par sa composition propre, du trait orange qui borde le bleu, des petites taches allongées qui se fondent dans le bleu de la forme et enfin de ces même taches allongées qui éclairent le rouge qui pourrait être perçu comme trop oppressant sinon. La vibration va venir de ces nombreuses couches, à savoir la toile, l’orange au-dessus, puis le bleu et le rouge,  avec à nouveau peint au plus près du bleu et sur le rouge ce gros trait orange qui réveille ce bleu éteint pour laisser vibrer ce rouge orangé dense.

Les éléments du désordre. Tant de projections et de volonté de la part du peintre d’agir sur la toile pourraient être perçu comme une domination trop forte, avec un risque majeur qui serait de tarir le pouvoir d’expression d’une toile individualisée et donc unique. Claude Viallat répond à ce risque en accordant une grande importance à ce qui va rendre cette toile unique. Pour ce faire, il va jouer avec ce qui rend le morceau de toile unique, de par sa forme, les coutures, les surpiqures, des ourlets, des fils, ficelles, des nœuds… à la manière inversée d’un ethnologue qui lui analyserait l’art du tressage par exemple chez les bantous, par exemple.

Viallat, sans titre, 1989, Centre d'Art Contemporain Bouvet Ladubay 

Ce tableau fait partie des collections du Centre d’Art Contemporain, Bouvet Ladubay, Saint-Hilaire Saint-Florent à Saumur. Il a été spécialement choisi par Patrice Monmousseau, président-directeur général de Bouvet Ladubay pour figurer dans l’ouvrage intitulé «  Centre d’Art contemporain Bouvet Ladubay 10 ans ». Il faisait partie de l’exposition qui portait le même titre et qui eut lieu du 26 juin au 30 septembre 2001.

En 2013, le Centre d’Art vient de fêter ses 20 ans. Il est bon de rappeler les mots prononcés par Patrice Monmousseau en 2001. Ils sont toujours d’actualité : « Rien n’est plus indispensable à la finesse des bulles que l’art et les artistes. Rien n’est plus évident pour le rayonnement que la lumière de leurs créations. Rien n’est plus essentiel que le superflu et qui pourtant de façon intuitive apparaît ici exactement à sa place. Une harmonie entre le vin, le lieu, l’esprit… » au Centre d’Art de Bouvet Ladubay, la Grande Maison des Fines Bulles de Loire qui fête en 2013 ses 163 ans.

Pour suivre le chemin

. Quelques informations sur l’artiste sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Viallat la photo du peintre qui illustre l’article le montre portant une chemise d’un magnifique rouge orangée !  

. Voir aussi l’analyse de l’œuvre intitulée « Bâches » 1978 sur  http://www5.ac-lille.fr/~ienarras4/IMG/pdf/doam13.pdf   

. Sur le Centre d’Art Bouvet Ladubay http://www.bouvet-ladubay.fr/media/benoit_lemercier_fiche_exposition_2013__017803400_1653_24042013.pdf

. Sur Patrice Monmousseau voir le reportage de Sylvie Denis en date du 19.01.13 sur  http://www.youtube.com/watch?v=YHbgXWeR7yU

. Et sur  les 20 ans du Centre d’Art Contemporain qui continue sa belle aventure de la rencontre entre la Loire, le Vin et les Artistes qu’a lancée et continue à poursuivre avec brio Patrice Monmousseau, voir http://www.youtube.com/watch?v=7zCy3EsDpXs

 

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