Ré-aménager à Bordeaux les quais de la Garonne
Cette fois-ci, la parole est aux Bordelais et à ceux qui ont œuvré avec eux à l’importante opération de réhabilitation des quais de la Garonne. Je vais donc m’appuyer sur les notes que j’ai prises lors des interventions de MM Duchêne et Guichard, élu en charge de l’urbanisme à Bordeaux et directeur général adjoint des Services techniques, la documentation qui nous a été remise ainsi que sur le dossier de presse réalisé par la ville. Devant l’ampleur des thèmes abordés, j’ai choisi de mettre l’accent sur la méthodologie et ‘la numérologie’ utilisées plus que sur le projet bordelais en lui-même.
Le concours a été lancé en 1998 sur la base de cinq objectifs : 1. réhabiliter les quais, 2. redonner aux Bordelais l’accès au fleuve, 3. dynamiser et mettre en œuvre les façades du XVIIIè siècle, 4. accompagner l’implantation du tramway, 5. protéger la ville des inondations.
L’opération a ensuite été découpée et planifiée en projets distincts confiés à des architectes différents, tout au long des 10 ans de durées des travaux.
Dés le départ, cinq choix préalables ont cadré le projet, grâce à:
. l’axe des Intangibles liés à la promotion du tramway et la diminution de la présence de la voiture,
. la pose d’Interdits porte sur la décision de ne pas construire de nouveaux bâtiments (ce qui explique la décision ultérieure de conservers les anciens hangars portuaires en aval), qui se traduit par la volonté de faire « avec »,
. l’acceptation d’Interrogations sans réponses toutes faites au départ et donc sans certitude quant aux résultats, sur notamment la capacité de la Communauté urbaine de conduire un cahier des charges aussi important, la question restée ouverte d’ailleurs sur le type de végétal, la question du franchissement du fleuve qui a donné lieu à des discussions animées, l’interrogation sur les liens avec la ville, son histoire, son image, le questionnement sur la relation entre la ville et son fleuve avec une présence portuaire qui évolue au fil des siècles,
. la volonté affichée et appliquée d’obtenir le prix le plus bas au m2, de faire au mieux-au plus juste : il n’y a eu selon Michel Duchêne et Thierry Guichard « aucune folie, à l’exception du miroir d’eau dont le coût a été élevé du fait de l’existence en dessous d’un parking souterrain »,
. la question de l’évidence de la nécessaire concertation avec la population, à laquelle tenait beaucoup Alain Juppé ; il a participé à 7 des grandes réunions sur les 8 qui se sont tenues.
L’axe qui n’a pas été cité porte sur la décision très ‘politique’ de la Ville de Bordeaux de confier la gestion du projet à la CUB, la Communauté urbaine de Bordeaux, qui a tenu dés lors à y associer Bordeaux. Le jeu est devenu collectif et les jardiniers de Bordeaux en particulier sont devenus des acteurs à part entière des projets, ce qui a contribué aussi à leur succès.
- Le découpage du projet en lanières et séquences
- Il a été tramé sur le terrain en lanières et séquences. Les lanières sont transversales au fleuve par différences avec les séquences qui courent sur chaque rive du fleuve. Les deux interagissent avec le fleuve.
Les 4 lanières
Les lanières sont aussi d’une grande importance dans l’optique de la relation pas toujours paisible avec le fleuve et de la lutte contre les inondations. Il y a en outre à Bordeaux une forte amplitude du niveau de l’eau. L’étiage est de 7 mètres !
Pour les voir, il faut vous référer à la carte « Cinq séquences ». En partant de l’amont vers l’aval sur la rive gauche, il y a d’abord,
- le Quai Sainte-Croix avec le Parc Saint-Michel de 5 ha,
- le Quai de la Douane, avec la Place de la Bourse et le fameux miroir d’eau
- le Quai Louis XVIII avec la Prairie des Girondins de 1500m2
- le Quai des Chartrons, bien connu des amateurs de vins, qui garde une empreinte portuaire
- le Quai de Bacalan où demeurent les Hangars, « vestiges de l’activité industrielle du port de Bordeaux ».
Dans ce temps long de la ville, cette continuité au fil du temps, « le choix d’un lampadaire n’est pas un problème, les arbres oui, le tramway aussi ». Le politique est obligé d’en tenir compte en hiérarchisant l’aménagement de la ville en fonction de ces contraintes de temps.
Il est une autre donne, qui est un des éléments clés d’une opération urbaine de grande envergure, non citée au départ. Il s’agit de la liberté. Si le pari est gagné, ajoute Thierry Guichard, c’est bien parce que « rien n’est imposé ; la population peut faire ce qu’elle veut. Sur ces 100 mètres sur 4,5kms de long, on peut aller à la fête du fleuve, se reposer sur un banc… C’est un lac plus qu’un fleuve, un espace reposant par rapport à la ville. Notre objectif a été de créer une ambiance nouvelle, en pleine ville. On est bien ».
L’attraction des berges
http://www.bordeaux-metropole.com/presse/dp/urba/quais_mai2009.pdf
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