Prospective 2020 > Transversalité en Démocratie participative > Angers
Après le rôle de la bibliothèque dans une ville, vu dans une optique de prospective à l’aune 2020, une date à la fois lointaine - on change de décade - et proche - c’est demain -, un autre volet s’ensuit presque logiquement. Il porte sur la transversalité entre les différentes instances de la démocratie participative. Cette fois-ci, il ne s’agit plus de restituer les propos d’un sociologue spécialisé dans un thème sociétal d’importance, comme Claude Poissenot l’est dans celui des bibliothèques, mais de voir comment un groupe de travail arrive à dégager du sens dans un questionnement qui n’a rien de facile ou d’habituel qui s’inscrit dans le cadre de la démocratie participative.
Ce thème de la transversalité, l’un des trois sélectionnés par l’équipe municipale en ce samedi matin du 31 mars 2012, a été choisie par douze participants volontaires, membres de conseils de quartier, de comités, d’instances diverses et variées, caractérisés par leur ancrage territorial, un thème comme l’environnement par exemple ou le développement de l’agglomération… L’idée sous-jacente est qu’émerge actuellement un besoin fort de gagner en synergie entre les multiples formes de la démocratie participative. C’est aussi une façon d’identifier les points possibles de connexion potentiels et d’accroître ce faisant la visibilité et l’efficacité de l’engagement des citoyens sur le terrain dans une logique de système.
L’objectif du groupe de travail était de dégager en une petite heure des éléments de valorisation de nos expériences allant dans le sens de la transversalité de la participation, sans avoir besoin de créer en plus une nouvelle instance, mais cela n’a pas été dit. C’était pourtant une ligne de force sous-jacente à cette démarche qui s’inscrit dans une logique de prospective, une démarche totalement nouvelle dans une agglomération de plus de 280 000 habitants.
Les mots de la transversalité ou les neuf portes d'entrée sur la tranversalié
. 1. la visibilité, grâce au séquençage de l’action menée par le groupe de travail. Le groupe définit les différentes séquences de façon à ce qu’une ou des personnes puissent s’adjoindre au groupe sur la séquence donnée, voire plus. C’est une façon de prendre en compte le peu de temps disponible d’un grand nombre ;
. 2. l’utilité, parmi ces raisons il y les retombées du travail en commun, retombées directes et indirectes. Citons parmi les retombées directes car elles visent la mise en application du projet d’un groupe de travail-habitants, comme le montage de faisabilité de la location de voiture par des particuliers, la reconstitution du fil de la mémoire d’un quartier en pleine rénovation urbaine, la valorisation de l’espace public en trottoir et autour des pieds d’arbre par des mini-jardins de rue, le tracé d’un chemin de promenade dans un bois urbain…. Parmi les retombées indirectes, le lien d’appartenance à un groupe, un nouveau regard porté sur l’espace public, un sentiment de responsabilité personnelle, le fait de comprendre et d’apprendre tout en agissant, la recherche de l’information, la rencontre avec des gens différents de soi…
. 3. la dimension humaine, elle est au cœur de la transversalité et justifierait à elle seule le mécanisme. Nous allons retrouver cette dimension à chaque fois, que les gens viennent au titre d’une instance ou à titre individuel. Ce qui est important, c’est qu’ils soient là, ensemble, à agir;
. 4. la cohérence, c’est celle qui existe au niveau territorial entre le groupe de travail, le quartier, la ville, la ville d’à côté…On retrouve là la dimension systémique : pour comprendre le lampadaire en face de chez moi, ou du petit bout de trottoir près de ma porte, j’ai besoin d’apprendre et de comprendre et je vais…au Conseil de Développement pour m’informer sur le plan local d’urbanisme, tout en participant sur certains thèmes ;
. 5. l’implication citoyenne, dans sa dimension d’utilité sociale. Ce que les gens font est utile à la vie ensemble. Une facette de cette dimension est la nécessité pour la Cité de reconnaître et de valoriser la filiation d’origine « c’est une initiative de … » Suit le nom de l’instance qui a porté le travail à faire. Cette valorisation par les autorités municipales s’appelle « ne pas rompre le fil de la mémoire » en rendant à César ce qui est à César ;
. 6. les retombées pour chacun et pour d’autres. Il s’agit là de penser en terme qualitatif et premier et non pas en terme de quantitatif objectif, tel que le ferait un professionnel par exemple. C’est le plaisir que l’on a, par exemple, à constater que les petites plantes mises en terre dans le mini-jardin de rue, entre asphalte et mur, poussent avec allégresse. C’est le plaisir personnel du jardinier de rue à distinguer de celui du passant content de voir que le décor de la rue s’embellit;
. 7. la fluidité du partage par la parole. Cela s’appelle aussi « aller à la rencontre des autres », pour échanger quel que soit le niveau, dans la rue lorsqu’on marche, en réunion pour demander des nouvelles du ou des groupes de travail qu’on connaît…On peut dire et faire sentir beaucoup plus avec les mots prononcés qu’avec des mots écrits. Les premiers sont « vivants », les seconds « inertes »;
. 8. la création de sa propre information de groupe par écrit et la mise à disposition de cette information aux membres du groupe & co et aux autres après, si telle est la volonté du groupe, en apprenant à chercher l’information, à la mettre en forme, à faire un compte-rendu, à la transmettre…Cela s’appelle « préserver le fil de la mémoire ». Le besoin d’information a été une des premières demandes d’une des participantes;
. 9. l’accroche, c’est une façon de rapprocher l’action menée par le groupe de chaque personne, en ouvrant grand la porte, pour lui donner envie de venir, avec la reprise du slogan publicitaire de Mc Do (Come as you are) « Venez comme vous êtes, chacun avec votre différence. Nous avons besoin de vous. »
Et ce qu’on n’a pas eu le temps de dire en si peu de temps. Parmi les suggestions : l’échange des numéros de téléphone et des mails des différents responsables qui veulent bien transmettre ces données ou ceux d’une personne-référent de chaque instance, un récapitulatif sous forme d’abcédaire des initiatives citoyennes, une crèche pour accueillir les jeunes enfants pendant les réunions, des albums-photos comme ce qu’a fait Belle-Beille pour valoriser le quartier, la recherche photographique du petit patrimoine…
Pour prendre le chemin de la prospective
. Cette matinée « Communication » a été organisée par Bruno Hindahl, Directeur de l’Information et de la Communication d’Angers, avec Claire Canault, Chargée de Communication pour l’Atelier 1 « Inciter les Angevin à participer à la vie locale », François Lemoulant, Directeur du magazine « Vivre à Angers » pour l’Atelier 2 « Valoriser le travail des instances et démarches par la transversalité » et Laurent Poucan, Responsable du Pôle Communication, pour l’Atelier 3 consacré aux « Réseaux sociaux. ». La matinée a été placée sous le signe de la nouvelle devise d’Angers « Ma ville, + j’y participe, + elle me sourit », ce qui était tout à fait en situation. Chacun sait en effet que l’action libère des endorphines, des hormones du bien-être.
. Quelques précisions d’abord. Ce billet fait suite à la tenue d’un groupe de travail (voir ci-dessous) qui a donné lieu à une restitution à la mairie d’Angers. Les propos de ce billet intègrent pour partie des réflexions dégagées par les membres et pour partie des réflexions personnelles. Il ne saurait en aucune façon être un compte-rendu, ni officiel ni officieux. Il ne restitue pas l’ensemble de ce qui a été dit. En sens inverse, il intègre des éléments de réflexion personnelle, portant sur la connexion, qui a une connotation active de mouvement (image de la boule d’un flipper), alors que la transversalité me paraît plus « statique » (image d’une ligne tracée à la règle). La connexion a en outre un autre avantage, qui est de pouvoir réfléchir en terme de plan concentrique ouvert. En terme pratique, cela veut dire qu’il est possible de commencer le plan par n’importe laquelle des neuf portes d’entrée, en laissant la porte ouverte au changement.
L’objectif du groupe de travail « Prospective ». Il était de dégager en une petite heure des éléments de valorisation de nos expériences allant dans le sens de la transversalité de la participation, sans avoir besoin de créer en plus une nouvelle instance, mais ce dernier point n’a pas été dit.
Quant à la prospective, le choix de ce terme par la commune-phare appartenant à Angers Loire Métropole (280 000 habitants, 31 communes) montre une volonté de réfléchir à l’optimisation des atouts du territoire dans un avenir proche, sans être trop lointain. C’est une démarche nouvelle intéressante et innovante qui s’apprécie en terme d’ouverture et de flexibilité. Le choix d’une durée ‘moyenne’ de 8 ans tient autant à la force du chiffre de 2020 (deux fois 20) qu’au fait que 8 ans est une durée suffisamment longue pour qu’on ne puisse pas dire qu’on continue à être dans le même espace-temps et suffisamment proche pour qu’on sache intuitivement que c’est demain, en extrapolant des éléments existant aujourd’hui.
Une dernière remarque sur ce thème ; personne n’a demandé ce qu’était la prospective. Précisons que c’est une aide à la décision stratégique, dans le but de réduire l’incertitude, en se basant sur les scénarios existant au moment de la réflexion, avec une forte prise en compte du changement, dans une vision de système, et une grande part d’intuition. Les trois éléments majeurs qui tournent ensemble sont le territoire, le temps et le changement…La prospective est au cœur du changement, « comme tout change, à tout moment, pour tous, mais pas de la même façon pour chacun. »
Quelques mots de terminologie. Dans ce billet, je parle indifféremment des citoyens, des habitants, des membres des instances ou des participants au groupe de travail. Les deux points communs entre ces termes sont qu’il s’agit de personnes engagées dans une des instances, sans que celles-ci soi(en)t désignées. Mais on pouvait évidemment en parler. Les nom et prénom des personnes seuls étaient indiqués. Certains se connaissaient entre eux, d’autres venaient d’arriver à Angers ou de lancer leur démarche d’implication dans les affaires de la cité…
Sur la prospective, pour une Ière approche: http://fr.wikipedia.org/wiki/Prospective
. D’autres instances sont déjà engagées dans cette démarche, comme l’Université d’Angers http://ua2020.wordpress.com/equipe/
. Sur le territoire, http://fr.wikipedia.org/wiki/Angers, http://www.angersloiremetropole.fr/decouvrir/angers-loire-metropole/index.html
. Sur la participation citoyenne à Angers, consulter http://www.angers.fr/projets-et-politiques/democratie-participative/index.html.
. Photos EP, avec une précision: les photos présentées ont bien été prises ce matin là avant et lors des restitutions; elles n'ont pas pour autant de lien direct avec le contenu propre à chaque paragraphe.