La photographe Delphine Perrin, Kostar le magazine et l'étrange
Le titre d’abord. J’aurais pu d’abord parler de Kostar et de Delphine Perrin la dessinatrice ensuite ou l’inverse. Quelques mots sur Delphine en premier. L’équipe de Kostar lui a consacré plusieurs couvertures de suite tant le choix a été difficile pour eux. Pour elle, non. Elle leur a proposé plusieurs créations et ils ont choisi. A mon avis, elle a choisi la bonne méthode. Elle imagine, photographie, retient ce qui lui plaît, propose et laisse venir.
Kostar se définit comme un magazine branché- c’est moi qui le dit - de cultures et de tendances pour Rennes, Nantes et Angers qu’ils (les hommes de tendances) présentent de façon fort diplomatique par ordre alphabétique ce qui fait que la petite Angers est citée en Ier avant les mastodontes de Rennes et de Nantes. A ces trois villes, je vois en consultant leur site qu’il faut ajouter La Baule. Pour les hommes, mon intuition s’est révélée affreusement exacte. Pour les quelques 16 hommes qui sont cités, il n’y a que deux femmes et qui, horreur, sont placées au bas de la hiérarchie aux postes de secrétaire de direction et de styliste,alors que leur rôle est essentiel dans une revue. Elles sont au coeur de l'activité. C’est peut être aussi une des raisons pour laquelle je trouve le magazine un peu étrange.
Quant à savoir pourquoi je parle de l’étrange, c’est facile à deviner, parce que tant Delphine que Kostar sont un tantinet étranges et cet étrange-là m’intéresse, m’interpelle ou est tellement loin de moi que je devrais chercher un dico (dictionnaire pour le traducteur automatique) pour essayer de comprendre ce qu’ils disent. Une très mauvaise façon de faire. Il suffit seulement de sentir ce qui vous parle ou pas.
Delphine Perrin est photographe. Elle travaille en se prenant comme modèle partant de l’idée qu’on ne parle en fait toujours que de soi. Comme elle le sait, autant se prendre soi comme modèle avec l’avantage que le modèle est en phase avec le photographe qui est derrière l’objectif. Ce qui à mon avis est plus facile à dire qu’à faire. Parce qu’il y a l’idée, les mots qui traduisent l’idée, le scénario à monter, la scène à sélectionner, l’actrice à motiver et à faire jouer juste ce que veut la photographe, le rendu, l’examen ultra-critique, quitte à recommencer…tout en gardant toujours et tout le temps l’œil incroyablement sévère de la professionnelle qui veut le juste « ça » et pas « un ça de n’importe quoi » qu’un-e autre quel-le aurait pu faire…
On voit bien l'étonnante composition d'une photo entièrement pensée, avec cette atmosphère de nuit, une lumière jaune sur fond brun caramel, cette façade d'un petit bâtiment ouvert -des toilettes d'une autoroute? - qu'elle accole en inversant- alors que la silhouette de femme de face en côté gauche est aplatie au sol sur la face droite alors que rien d'autre n'a changé, il y a deux autres choses qui me frappent.
. L’une est sa volonté de se dire autre en jouant comme le ferait un acteur à qui on donne un rôle et qui est capable puisque c’est un rôle de théâtre d’être ce que veut le scénario. Jouer la crêpe à coller au mur, au plafond, par terre sur le bitume, pourquoi pas… . Mais oui, pourquoi pas ? Son choix de photographe exclusive d’elle-même pourrait être aussi de montrer aux autres leur propre singularité à être des objets composant le décor. C’est pourquoi j’aime bien l’idée de la crêpe toute plate.Parce qu'une crêpe n'est jamais la même, qu'elle que soit la façon dont vous la regardez. Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, un objet philosophique.
. L’autre est sa maîtrise du mot comme une obligation imposée aujourd’hui aux professionnels de l’image. Ils doivent être tout autant des penseurs qui écrivent pour que les mots frappent avant que la photo le fasse ou l’inverse, qui est tout aussi vrai. Alors que la photo est en soi un art complet que chacun raconte à sa façon. C’est la raison pour laquelle je ne vous dirai rien de ce qu’elle dit, elle. Pourquoi ? Parce que ce qu’elle dira, elle seule peut le dire, elle le dira à sa manière, en phase avec sa création, juste au moment juste.
Quid de Kostar ? Son travail visiblement les a intéressés puisqu’elle a fait la couverture de 5 numéros de suite (28 à 31). Ce magazine gratuit est très structuré et très dense malgré son petit format. Jugez-en dans le n° 28, avec un billet sur l’esclavage, des bon trucs à manger type Slow Food, avec dans chaque numéro une pub Cointreau, le nouveau toit de la maternité d’Angers en rubrique Architecture, une pub pour les Transmusicales, Mélanie Laurent qui joue à la princesse, beaucoup d’objets sélectionnés à s’acheter ou à offrir par et pour des hommes, des rencontres autour d’un plat par trois restaurateurs Nhong Phong, Frédéric Pinhoro et Nicolas Bourget, un photo-reportage, … le mur vu par 4 graffeurs et beaucoup de choses jusqu’à faire une virée à Capri, après avoir mangé une huître Vendée Atlantique et vu un verre de Muscadet, une pub InterLoire…Ouf, il fallait bien ça pour siroter le tout et encore je ne vous ai pas tout dit !
L’étrange dans tout ça. L’étrange est que je serai bien en peine de vous dire ce qui m’interpelle autant dans la photo de Delphine Perrin que dans Kostar, un magazine gratuit qui visiblement à trouvé et sut fidéliser son public, en ciblant le Grand Ouest français avec Capri, comme dimension internationale et site européen à visiter. Quand à la photo de Delphine, elle a ceci de remarquable qu'une fois qu'on l'a vue, une seule fois suffit, vous ne pourrez plus l'oublier. Elle est imprimée dans la rétine.
Pour suivre le chemin
. Delphine Perrin, photographe plasticienne, http://www.delphineperrin.com/ , avec mes remerciements pour l'autorisation de publier sa photo
. Kostar, 2 ter rue des Olivettes, 44 032 Nantes cedex 1, France, www.kostar.fr Le magazine qui tire à 30 000 exemplaires, existe depuis 4 ans. Il est distribué gratuitement dans « les lieux de culture » en raison de son positionnement de « vitrine de la création artistique et culturelle du Grand Ouest ». Retrouver le n° 28 sur http://www.kostar.fr/collection_kostar_issuu.html