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Le Blog d'Elisabeth Poulain

La mode du mur végétal > Le besoin de nature > La ville dense

19 Novembre 2010, 11:53am

Publié par Elisabeth Poulain

C’est à qui a ou aura son mur végétal, ce concept mis au point par Patrick Blanc, Paris, Quai Bramy; Muséebotaniste au CNRS et ambassadeur de cette nouvelle présence végétale dans la ville dense d’aujourd’hui. Outre son aspect esthétique, le mur offre une alternative verte et vivante au ravalement de façade et une aide à la dépollution de l’air. C’est au moins ainsi que sont présentées les variations actuelles autour d’un végétal qui s’affranchit du sol pour conquérir les parois verticales, Aujourd’hui fortement en plus, le mur végétal répond à un besoin de nature dans un espace urbain de plus en plus restreint et contraint.

 

La force spontanée du végétal

Le pouvoir germinatif de graines ou de spores de plantes transportées par l’air et l’eau est tel que la nature sait profiter de toutes les anfractuosités d’un mur de pierre pour faire naître et se développer lichens, mousses, fougères naines ou… des giroflées. Le remarquable est que le végétal se plante directement dans le mur, sans lien avec le sol. C’est ainsi que l’on peut voir particulièrement dans Mur naturellement végétalles vieux quartiers des villes des plantes, souvent des mousses, conquérir tous les supports quelle que soit leur inclinaison.    L’idée d’associer la plante avec un mur n’a donc rien de particulièrement innovant. 

 

La plante en pot accrochée au mur

De la mousse souvent indésirable au pot de géranium accroché au mur de la maison, il n’y a qu’un pas qu’on franchit depuis longtemps les habitants de villages touristiques en Alsace, en Bretagne, mais aussi en Europe centrale.    

 

L’habillage des murs

Bien avant cette innovation présentée au Festival dAngers, Glycine sur ruee Chaumont sur Loire par le chercheur, les jardiniers ont toujours su utiliser les murs pour servir de tuteur, porteur à des plantes qui nécessitent un maintien pour se tenir érigées - comme le rosier, l’hortensia grimpant  par exemple - ou qui sont munies de crampons pour adhérer d’elles-mêmes, comme la vigne vierge ou le lierre. Dans les deux cas, la plante part du sol pour s’agripper ou se coller au mur. 

 

L’innovation végétale

Elle porte cette fois-ci sur un concept différent qui consiste à créer un mur de métal rempli de mousse synthétique, dotée de tubes d’alimentation en eau nutritive qui vont garder humide le substrat dans lequel sont fichés des végétaux adaptés à ce type de plantation à angle droit, soit vers le haut comme toute plante qui se dresse droite en recherche de lumière, soit vers le bas, comme les plantes retombantes, un lierre par exemple. Le Musée des arts PrMur naturellement végétalemiers, Quai Branly à Paris, est couvert d’une fourrure impressionnante des 15 000 plantes, en provenance du Japon, de la Chine, des Etats-Unis et d’Europe centrale, qui ont été insérées dans un maillage de 800 m2. L’eau en excès est récupérée et réinjectée dans le circuit.  

 

La dépollution

Le système de Patrick Blanc n’a pas pour vocation première d’œuvrer à la dépollution de l’air. C’est pourquoi des essais sont en cours au CSTB ainsi qu’au Centre d’Echanges de Lyon Perrache. Le système est complété par l’air pulsé qui aspire les particules polluantes et les gaz à effet de serre et les fixer dans la terre humide où ils sont dégradés par desAngers, Terra Botanica, Mur végétal micro-organismes. Les effets analysés à Lyon sont extrêmement prometteurs. En outre, les murs végétaux sont d’excellents climatiseurs de l’air de la ville et de très bons régulateurs thermiques. Il faut compter quelques 40 plantes au m2.

         

Faire respirer la ville

C’est le slogan adopté par l’Interprofession du végétal « Val’hor », pour mettre l’accent sur les bienfaits de la nature en ville, grâce à la « Cité verte », un centre de recherche sur le modèle de ce qui existe déjà à l’étranger, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Catalogne et en Grande-Bretagne.  Les arguments en faveur du végétal sont tous tirés du développement durable, avec des arguments quantitatifs (baisse de la température, baisse du CO2, de l’ozone du dioxyde d’azote…) et des bienfaits pour la santé dans la lutte contre la dépression, l’anxiété et les maladies respiratoires.

 

L’absence de référence au plaisir de celui qui regarde

Bruxelles-Ixelles- Mur de lierreOn ne peut pas dire qu’on sente vraiment chez ceux qui parlent tant du mur végétal le plaisir que vont avoir ceux qui regardent le mur. Font bien sûr exception les nombreuses entreprises qui vendent maintenant à des particuliers des murs végétalisés d’extérieur de maison, de balcon ou d’intérieur sur le net. Une nouvelle mode pour ceux qui ont déjà beaucoup mais jamais tout.

 

L’entretien

Il se dit qu’il est lourd et pourtant pour tous ceux qui vendent ces parois végétales, l’entretien serait minimal. Il me souvient pourtant d’un grand hôtel parisien qui a fait ainsi aménager le mur du fond de sa cour : un jardinier passait toutes les semaines pour enlever les plantes défraîchies, tailler et rectifier pour que tout soit parfait toujours. Comme ces bouquets de fleurs qui sont changés tous les jours. Selon Patrick Blanc toujours, le coût est faible. Il n'y a au Musée déjà cité que deux jardiniers permanents. Pour un particulier, certains professionnels proposent des murs de 2,5 m2 pour 2500 E, sans que soit comptabilisé l'entretien ensuite.

 

La fragilité

Mur végétal Gare de Perrache-Lyon-Ekopedia 0564Elle tient à plusieurs facteurs, dont la principale est que la plante est complètement dépendante de son alimentation en eau, de la récupération de l’eau et de sa ré-injection dans le circuit. Une coupure d’électricité, une panne technique suffisent à causer des dégâts irréversibles. C’est ce qui est arrivé au Musée des Arts premiers au Quai Branly, à la suite de travaux dans la chaussée.

 

Il est aussi d’autres facteurs qui parfois ne sont pas pris en compte, comme le vent marin desséchant  sur des panneaux portant des végétaux en lieu et place de panneaux publicitaires sur un parking d’une grande surface en Vendée. Il y avait en plus des panneaux végétalisés pour doubler le mur d’entrée de la grande surface.  C’était vraiment une belle idée, qui n’a malheureusement pas supporté le choc de la réalité. Le fait que les panneaux aient été laissés en l’état en pleine saison estivale laisse à penser qu’il y avait un différend juridique non tranché avec le paysagiste-concepteur.

 

Demain et plus

Une des voies retenues par des précurseurs, comme Luc SchuiSchuiten, apercu_livre_arbriarbeten, est de parier sur un rapport inversé entre le végétal et la ville. Devenues dominantes, les arbres et les plantes nous fourniront abri, travail et vie en commun, dans des bâtiments aux allures d’arbres, survolés par des grosses chenilles blanches à ailes portées par le vent…          

 

Pour suivre le chemin du végétal

. Lire la bonne interview de Patrick Blanc qui rappelle que son invention est protégée par brevet sur

http://www.biotope-city.net/artikelen%20editie1/francais/Interview.P.B.fr.htm

 

. Trouver des exemples de coût sur

http://www.cotemaison.fr/conseil-shopping/jardin-terrasse/diaporama/le-mur-vegetal-ecolo-et-so-deco_3177.html?p=2

. Quand ce sera à nouveau la saison de l’ouverture, aller repérer des essais de poteaux végétalisés avec des Heuchera à Terra Botanica à Angers sur http://www.terrabotanica.fr/

. Voir des sites branchés, qui vous présentent les plantes tête en bas ou en tableau vivant à accrocher au mur http://www.greenforlife.fr/mur-vegetal/

 

. Retrouvez Luc Schuiten en particulier sur ce blog

. Photos EP, sauf la n°1 Wikipedia, la n° 7 Ekopedia et la n° 8 et dernière de Luc Schuiten, avec mes remerciements.   

 

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