Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Blog d'Elisabeth Poulain

WBW42 > Les Habits des Vins d'Emotion > D'autres jeux d'humour

25 Septembre 2009, 17:04pm

Publié par Elisabeth Poulain

L’humour phonique

C’est une nouvelle tendance encore peu répandue. Il nécessite d’intégrer un ensemble de facteurs de réussite :

un concept fort qui puisse se traduire graphiquement et la possibilité d’aller jusqu’au bout.

 

823. Les vins d’Élise Brignot sont habillés de légèreté avec une étiquette conçue par le peintre graphiste Michel Tolmer avec une écriture manuscrite, un jeu graphique sur le E et le B, le dessin d’un soleil -c’est elle- entouré de bulles et des noms de cuvées tels que CHHHHH ou Zébulon en pétillant naturel.

 


824. Sébastien David a choisi, pour Vin d’une Oreille, un Saint-Nicolas de Bourgueil 2002, une étiquette de lot d’agrément à présenter aux jurys comme étiquette ; le nom de la cuvée fait référence à ces amateurs du 17ème siècle qui opinaient du bonnet en penchant leur tête « en signe d’approbation. »

 

- Bertrand Bataille a joué sur la sonorité entre le vair, une fourrure de l’écureuil utilisée au Moyen-âge, et le verre à boire sur une aquarelle pour un Touraine Sauvignon baptisé ‘Cendrillon’ par François Plouzeau.

 

L’humour en forme de message

Combiné au sens et au style de l’étiquette, l’humour forme de beaux exemples d’habillage de la bouteille. Il est ’le petit plus’ ou le ‘je ne sais quoi  qui fait la différence’. Le recours à l’humour est pourtant chose récente en Loire. Le pays des châteaux aime l’élégance au point de considérer que le vin est chose trop sérieuse pour en plaisanter.

 

L’époque a changé et l’humour est aussi une réaction naturelle face à la demande du tout expliquer d’une part et une façon très française de protester contre une certaine pesanteur réglementaire d’autre part. C’est aussi une façon d’être soi sans agressivité en cherchant le lien avec les autres. Les vignerons du Puy Notre-Dame (près de Saumur), qui attendent leur appellation depuis plus de 30 ans, ont ainsi décidé pour les plus connus d’entre eux de communiquer, non pas sur le temps d’attente, mais sur le numéro cadastral de la grande parcelle en cause, 253, en forme de protestation mâtinée d’humour.

 

- Guillaume Reynouard du Manoir de La Tête Rouge place 253 en petit sous un dessin du corps central du manoir. Il explique sur la contre-étiquette : « depuis 1975, les vignerons du Puy Notre Dame et de ses environs demandent la reconnaissance d’une appellation communale Saumur Puy Notre Dame, en attendant ils utilisent le numéro de cadastre : 253. »

- Philippe et Françoise Gourdon ont fait de 253 l’élément central de leurs étiquettes enveloppantes et basses qui signent leurs bouteilles de Saumur rouge.  

 

L’humour de rébellion

Donner un nom de cuvée au second degré est une réaction quasi-naturelle quand on voit un de ses vins refusés à l’agrément. Les causes du rejet sont multiples : vin trop clair, trop foncé, trop sucré naturellement par le soleil, trop alcoolisé ou pas assez… La raison profonde est souvent que les vins les ‘plus naturels’ sont par trop différents de ceux définis par le décret précisant les caractéristiques de l’AOC et qui sont, chaque année, redéfinies par le consensus des participants aux jurys d’agrément. Une fois les différents recours épuisés, il reste au vigneron à déclarer le vin en vin de table. Se forme alors de manière d’abord spontanée et maintenant plus organisée une nouvelle catégorie de vin que forment les Nouveaux Vins de Table (NVT). Le nom de la cuvée permet alors de s’exprimer en détournant les mots.

 

- Pour des rosés un peu trop forts en couleur, une dizaine de vignerons s’est regroupée autour de Mark Angeli qui a dénommé son vin ‘Rosé d’un Jour’. Il a préféré garder son étiquette inchangée et faire figurer une mention pour exprimer sa vive irritation. Il a inscrit au dos de son étiquette (non auto-collante) des citations qui préfigurent l’alliance avec la littérature, parmi laquelle : « Eduquer, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu ». Aristophane.

 

825 Le rosé du Domaine des Sablonnettes s’affiche en « ceci n’est pas un rosé, Polisson gourmand, ce Rosé s’est régalé de tous les fruits rouges du jardin, il en rougit encore de gourmandise... La couleur excessive de ce rosé ne peut prétendre à l’AOC… » ;                                                   

 


826. ce rosé est devenu ‘Achillée mon rosé’ pour Agnès et René Mosse, du nom d’une fleur des champs qui, dans certains terroirs, prend des teintes rosées.

 


827. Pour des raisons de refus à l’agrément également, Frantz Saumon de Montlouis sur Loire a choisi, pour son pétillant naturel rosé de Gamay, la dénomination ‘La Cave se rebiffe’.

 






828. ‘Patapon’, avec son grand sourire et son entonnoir sur la tête, représente un vin de table de Christian Chaussard et Nathalie Gaubicher, qui ont aussi un Jasnières ‘Kharaktêr’. Patapon est le « vigneron non-conforme » du Domaine Le Briseau comme le vigneron l’indique sous son menton. 

 

Une autre catégorie marque certainement l’empreinte de l’univers scolaire avec ses codes et ses mots, alors même que le système avait déjà changé à l’époque où les vignerons étaient dans les ‘petites classes’ : 

- ‘Zéro pointé’, pour un vin refusé en Rosé d’Anjou, du Château Tour Grise,

- ‘Bonnet d’Anes’, de Sébastien Dervieux et Patrick Desplats du Domaine des Griottes, refusé en Anjou Blanc.

 

Pour suivre le chemin

. Prochain billet sur le lien familial une autre facette du "Je".

 

 

Commenter cet article