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Le Blog d'Elisabeth Poulain

Les Baux de Provence > La Pierre de Calcaire, l’Olivier & la Vigne

4 Août 2016, 16:03pm

Publié par Elisabeth Poulain

Les Baux de Provence, arrivée par le sud, Cl. Elisabeth Poulain

Les Baux de Provence, arrivée par le sud, Cl. Elisabeth Poulain

C’est l’histoire d’un site qui commencerait comme un conte : il était une fois un château fait de pierre blanche de calcaire dominant une vallée à perte de vue, tel un phare en mer, pour veiller au bon développement de plantes méditerranéennes,  des oliviers pour faire de l’huile et des pieds de vigne récemment plantés pour avoir du vin, tout comme des oliviers et des pêchers. C’est un lieu  vraiment très chaud. Il y poussait pourtant des céréales aux temps anciens. Si le vent du Nord continue à y souffler à son aise et le soleil à se réverbérer sur la blancheur de la pierre, la végétation au pied du massif a pourtant beaucoup changé. Il y pousse maintenant, outre des oliviers et  des pêchers, des plants de vigne plantés en ligne et tous pleins de vigueur. 

C’est un site tellement étonnant qu’il a toujours attiré,

. nos lointains ancêtres d’il y a plusieurs millénaires pour s’y abriter contre le froid, la trop grande chaleur, l'ennemi forcément, les bêtes sauvages. Citons par exemple les Celtes, les Romains…

. depuis lors,  au cours des deux derniers millénaires, un nombre étonnant de hauts personnages parmi les différents gouvernants au fil des siècles, qui voulurent absolument y régner comme les monarques des  royaumes…

. aujourd’hui des centaines de milliers de touristes par an, un endroit connu dans le monde toujours qualifié d’ « entier » pour bien en renforcer le poids.

Les Baux de Provence, arrivée au site, vue sur le vallon nord, CL. Elisabeth PoulainLes Baux de Provence, arrivée au site, vue sur le vallon nord, CL. Elisabeth Poulain

Les Baux de Provence, arrivée au site, vue sur le vallon nord, CL. Elisabeth Poulain

Oui, vraiment c’est toujours par la pierre que commence cette histoire, une histoire à écrire au pluriel tellement il y a eu d’usages différenciés de cette pierre. Le terme même de Baux vient d’ailleurs du provençal, Baou, qui désigne un rocher. Oui, c’en est de vrai, un beau, un gros qui s’élève à plus de 300m à son point le plus élevé. C’est de là qu’il était possible d’avoir une vue dégagée sur le sud, vers Arles et la Camargue. En des temps d’insécurité, c’étaient de réels avantages qui optimisaient les chances de survie, au point que le site a été occupé dès 6000 ans av J.C. On y a trouvé des traces humaines. Les Celtes ensuite, ces grands guerriers, ont jugé l’endroit à leur goût. C’est une vraie preuve des atouts défensifs du site pour dominer une région.

Chercher le lieu le plus élevé, creuser des grottes dans le calcaire tendre – une notion relative - pour vous y abriter, élever des murets avec les pierres que vous avez pris la précaution de stocker en tas - pas vous - vos ancêtres celtes, un tantinet barbares et qui justement ont survécu grâce à leur puissant ressort vital. Regardez bien autour de vous pour voir l’ennemi arriver, élever des murs là où c’est nécessaire, continuer par ériger des fortifications, des murs, des maisons ensuite ou d’abord la forteresse…et n’oubliez pas de faire des ruelles pour circuler, de mettre des escaliers quand la pente est trop forte…et même une place. Et puis continuer au fil des siècles à boucher, consolider, aménager, ouvrir de nouvelles fenêtres, en fermer d’autres, en élevant plus tard dans le temps des masures, des maisons, un vrai château de vie, des hôtels particuliers, une église, plusieurs chapelles…avec des portes, des porches…En même temps et constamment le site s’adapte au passage du temps, des passages deviennent des ruelles, des petites rues s’ouvrent pour faciliter le cheminement d’un point à un autre, avec forcément des marches pour tenir compte de la déclivité…

Ici, la pierre joue toujours une véritable valse du temps, d’un temps qui l’use, qui oblige à rester tout le temps vigilante, en sachant aussi par exemple être utilisée à d’autres usages. C’est ainsi qu’une grosse pierre de calcaire, qui s’est détachée de la falaise, se fragmente en tombant au sol, ou sous les coups de marteau d’une pierre plus dure, pour devenir une dalle au sol, un morceau de mur de soutien, une pierre taillée de remplacement, voire un projectile contre l’un des nombreux ennemis envoyé du haut…Sur cette île de pierre, rien ne se perd, rien ne s’oublie, tout fait fruit et cela depuis des millénaires…Jusqu’à créer une véritable forteresse qui s’étend sur sept hectares. Un endroit étonnant aussi quand on apprend sur place qu’à creuser le sol, on y découvre un nouveau minerai d’alumine, la bauxite de couleur ocre, qui a permis d’inventer l’aluminium. Excusez du peu…

Les Baux de Provence, ruelle et croisement, Cl. Elisabeth Poulain

Les Baux de Provence, ruelle et croisement, Cl. Elisabeth Poulain

Au fil des siècles, ce bastion de pierre de calcaire connut une vie réellement très diversifiée selon les époques. On y vit s’y dérouler des Cours d’Amour, des guerres sanglantes entre de grandes familles nobles d’Europe, l’attribution au Roi René d’Anjou qui la remit entre les mains de sa femme Jeanne de Laval. Puis au XVIIe siècle, le roi de France, Louis XIII cette fois-ci, donna ordre de détruire ce qui était devenu alors un château où la Grande Noblesse se piquait de belles lettres, d’art et… d’intrigues séditieuses. C’est le roi lui-même qui fixa une amende de 100 000 livres aux quelques 6 000 habitants, ces mauvais sujets en qui il semble n’avoir eu guère de confiance et qui durent en plus payer les destructions ordonnées.

Parmi les seigneurs des Baux, il est ainsi possible de citer Marie d’Anjou, reine de Sicile et comtesse de Provence, le vicomte Raymond de Turenne - un grand sanglant celui-là - de la famille du pape Clément VI, un prince de la Famille des Médicis… Puis Les Baux devinrent une baronnie de la Couronne de France, avant que celle-ci soit remise à la reine Jeanne de Laval par son mari, le Roi René d’Anjou…Vous partez des Celtes, dont l’ « empire » colonisa à son apogée quasiment toute l’Europe au IIIe siècle avant JC, vous frôlez les Romains, vous vous retrouvez ensuite à Avignon, en Anjou, à Naples aussi…Et maintenant vous accueillez des milliers de touristes, dans un village qui ne compte plus guère que 22 habitants à demeure pour quelques 250 000 visiteurs par an.

Le temps du tourisme et le temps qui passe. C’est le second site le plus visité de la Provence. Au fil des siècles, ce sont les photos qui nous montrent les changements. Il est frappant de constater par exemple combien les abords face sud et sud-est ont été « nettoyés » des nombreuses pierres qui ont eu tendance à rouler vers le bas. Nettoyés aussi des arbrisseaux qui arrivent à pousser dans une faille de la pierre, au risque de faire éclater la roche. Les ruines de la forteresse sont d’autant plus fragiles que les murs ne sont pas étayés ou du moins pas de façon visible.

. Seuls se voient d’en bas une partie de ces très hauts murs soutenus par deux arcboutants de la forteresse incluse dans les enceintes. Ces grandes murailles renforçaient les défenses de ceux qui étaient en haut, des soldats à tous les niveaux de la hiérarchie, des invités en temps de paix, les villageois bien sûr, au service des premiers, tout en sachant qu’il y a eu aussi des retournements de situation fabuleux. Ce sont les villageois - et pas les Puissants - par exemple qui plus tard dans l’histoire ont dû, sur ordre du roi de France, eux-mêmes contribuer financièrement à la destruction des murailles qui les protégeaient en période de guerre. 

Les Baux de Provence, ruelle, Cl. Elisabeth Poulain

Les Baux de Provence, ruelle, Cl. Elisabeth Poulain

Les Baux de Provence, sommet, vue sur le paysage sud, le moulin, l'approche, Cl. Elisabeth PoulainLes Baux de Provence, sommet, vue sur le paysage sud, le moulin, l'approche, Cl. Elisabeth Poulain
Les Baux de Provence, sommet, vue sur le paysage sud, le moulin, l'approche, Cl. Elisabeth PoulainLes Baux de Provence, sommet, vue sur le paysage sud, le moulin, l'approche, Cl. Elisabeth Poulain

Les Baux de Provence, sommet, vue sur le paysage sud, le moulin, l'approche, Cl. Elisabeth Poulain

Tout ici rappelle l’autarcie qui obligeait à faire avec ce qu’on a, pour s’adapter au mieux. C’est un vieux principe de d’économie de la ressource qui valait aussi bien pour les murs en pierre que pour les pièces de tissus ravaudés. Et c’est ce qui m’a franchement intéressé : voir comment ce village de quelques 6 000 âmes, à sa grande époque, a pu conserver des témoins visibles de son ancienne architecture couplée d'urbanisme, à des contraintes impressionnantes du fait notamment du resserrement de l’espace. Il y a donc aussi une dimension d’urbanisme spontanée. Ce billet est centré sur les murs, les ruelles, les fenêtres et portes ouvertes ou bouchées, la vue quand il y en a, les surprises de chaque moment, sans chercher du tout à tracer le chemin… C’est une rencontre entre ce qui est et le regard, en cherchant plus à comprendre ou deviner combien les télescopages des styles, des fonctionnalités, des différents propriétaires, des périodes d’abondance ou de dureté ont pu ou pas réussir à coexister.

Pour la beauté de l’histoire et malgré le resserrement de l’espace, la dimension moyenâgeuse de protection s’est enrichie pour répondre à des besoins de rassemblements spirituels et de désirs de beauté patrimoniale. Il y a ainsi une église, plusieurs chapelles et un temple protestant ainsi qu’un cimetière, comme toujours placé à la limite des constructions dans la partie haute. Il s’y ajoute forcément, dans le domaine de la gouvernance et de la notabilité, de beaux hôtels particuliers, un ancien hôtel de ville du XVIIe… Pour la vie courante, il y a aussi des fours banaux pour cuire le pain et … des maisons que l’on a peine à voir vraiment tant elles sont imbriquées les unes dans les autres, avec des murs si nombreux qu’ils cachent la vue et l’impossibilité de prendre du recul.

C’est aussi pourquoi les Baux continuent à être beaucoup photographiés souvent vus du ciel, vus aussi d’en bas, de loin pour avoir la vue sur les parcelles qui modifient profondément le paysage qui a tendance de plus à verdir grâce à la vigne et à l’olivier, en modifiant les angles de vue, pour chercher faire du nouveau…Une belle et bonne façon est de regarder les champs plantés de longues lignes de jeunes oliviers et de plants de vigne. On les voit en arrivant en voiture. Et c’est vraiment un vrai et grand plaisir que d'admirer ce grand paysage des Baux, maintenant dans une nouvelle dynamique active fondée sur la terre, le savoir de l'homme et de la femme, l’avenir et non plus seulement tournée sur le passé...

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Pour suivre le chemin

. Le site sur http://www.lesbauxdeprovence.com/fr  

. Voir le plan du site sur http://www.lesbauxdeprovence.com/sites/default/files/plan-fr-2013-baux-de-provence.pdf  

. Lire attentivement sa longue histoire sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Baux-de-Provence  avec de beaux clichés  

. Le site de Glanum, près de la Voie Domitienne sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Glanum#/media/File:Site_de_Glanum_Nord_2006-07-16.jpg  

. Et la Voie Domitienne sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Voie_Domitienne  

. Le tourisme en Provence  https://www.cg13.fr/a-la-decouverte-du-13/le-tourisme-en-chiffres/  C’est Notre Dame de la Garde à Marseille, qui remporte la Ière place avec ses 800 000 visiteurs/an

. Visiter et goûter des producteurs d’huile d’olive dorée de l’AOC des Baux de Provence sur http://www.aoc-lesbauxdeprovence.com/les-professionnels-de-l-olive/itineraires_decouverte.htm  

. Lire le bon article, enrichi de belles photos, qui est consacré à la réussite de l’olivier aux Baux de Provence sur http://voyage.blogs.rfi.fr/article/2014/02/03/sur-les-chemins-de-lolivier-dans-les-baux-de-provence#comment-6045  

. Retrouver dans l’aire d’appellation des Baux, le Domaine de Lauzières, avec à sa tête Dan Schlaerpfer, un vigneron suisse sur http://www.lesvinsdesbaux.com/les-hommes-d%e2%80%99ici/domaine-de-lauzieres-dan-schlaepfer/  Il est associé avec Gérard Pilon, sur http://www.balisiers.ch/balisiers-fr/provence , tous deux sont également propriétaires-vignerons du Domaine des Balisiers dans le canton de Genève, en Confédération helvétique…

. Egalement aussi une vigneronne, Dominique Hauvette, qui travaille en biodynamie sur http://www.lesvinsdesbaux.com/les-hommes-d%e2%80%99ici/domaine-hauvette-vigneron-baux-de-provence/  

. Photos Elisabeth Poulain

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